Avant-propos.
Cette nouvelle n’est pas une fiction. Les personnages existent, incarnés ou non. Les situations sans être les mêmes ont été transposées fidèlement de manière à conserver l’impact psychologique qu’elles ont eu sur ceux qui les ont vécues. C'est un témoignage.
C’est aussi un travail de Pardon, un acte d’Amour, un moment de Partage.
Marie Weber
Marie
Je m’appelle Marie Deschamps, née Weber. Je suis arrivée à un âge où faire le bilan de sa vie s’impose à beaucoup et je ne fais pas exception à la règle. Mon chemin a été si long. Bientôt 100 ans !
Ce n’est pas le détail minutieux de ce que j’ai vécu qui est important mais ce que je vis aujourd’hui, c’est tellement « extra ordinaire » !
Benjamine d’une fratrie de 6 enfants, petite dernière que personne n’attendait et à plus forte raison espérait, je suis restée une journée entière sans identité déclarée. Même mon prénom n’était pas prévu et Dieu sait comment je me serais appelée si je n’étais pas née à la maternité Notre Dame des Anges.
J’ai grandi dans un environnement où quasiment tout se déclinait selon le genre masculin, dans une scierie en lisière de la forêt vosgienne ; autant dire que les copines ne se bousculaient pas à la maison. C’est à sa demande que ma sœur aînée avait quitté la maison pour entrer en apprentissage juste avant ma naissance.
Solitaire par la force des choses, les arbres étaient mes compagnons de jeux, mes confidents dès le retour de l’école. Seule le plus souvent j’avais l’habitude d’observer le monde qui m’entourait et de le reconstruire selon mes envies. Petit à petit, je pris conscience de certaines de mes bizarreries.
En classe, je jouissais d’une notoriété qui n’avait rien à voir avec mon insignifiante personne mais devait tout aux exploits sportifs de mes frères.
La révélation de mes dons à mon entourage est le fait de l’un d’eux.
Un matin, alors que les hommes de la famille partaient pour un concours de schlittage, au moment où Louis mon plus jeune frère déboulait en trombe devant moi, mon dernier rêve refit surface. Tout me revint avec acuité. Je m’accrochais à lui, le suppliant de ne pas partir, en vain. Il courut rejoindre la troupe pendant que de mon côté, je gagnais mon refuge.
Le soir tombé, une chape de plomb s’était abattue sur la scierie, Louis ne reviendrait pas de sitôt. La schlitte d’un bûcheron, cette grosse luge où s’entasse le bois scié que l’on descend ensuite sur un long rail en bois, s’était retournée déversant son chargement sur lui.
Au terme d’une longue hospitalisation, il nous revint avec une mobilité réduite. La joie avait déserté la scierie.
Obligée de m’expliquer sur mon attitude, jugée incompréhensible, au moment du départ des garçons, ma mère m’avait fait avouer la vision de Louis ensanglanté que j’avais eu en rêve. La claque magistrale qui avait suivi ma révélation et par la suite la réputation de porter la poisse, m’avaient ôté toute envie de partager mes rêves et visions.
Ce secret était resté longtemps enfoui. Certes je tentais par des moyens détournés d’alerter ceux que je savais en danger mais je n’osais pas en parler en termes précis. Ce fut ma fille aînée, qui m’a permis d’avouer ces dons que je redoutais.
Bien des années plus tard, le visage enfoui dans mon bol de café, j’étais entrain de me torturer la cervelle pour alerter mon mari sur le danger que je sentais planer, lorsque Caroline pénétra comme une bombe dans la pièce.
« Il ne faut pas que tu ailles à Boulogne, Papa ! »
De saisissement, je lâchais le bol qui explosa au sol.
« Elle a raison, ça va sauter, je l’ai vu cette nuit »
La répartie avait fusé quasiment à mon insu.
Ce jour là, nous étions le 7 février 1962. Un attentat perpétré par l’OAS allait endeuiller plusieurs familles, épargnant la nôtre grâce à ma fille qui osait afficher sa médiumnité. C’est en me retrouvant au cœur de la manifestation qui suivit au métro Charonne que je réalisais vraiment ce qui venait de se passer.
Ce que j’avais caché comme une tare, Caroline ne devait jamais en faire mystère, allant jusqu’à m’inciter à travailler ce don. Pourtant, je ne me suis jamais autorisée à aller au-delà de ce que « l’on » me montrait.
A cette époque les contacts avec ma famille maternelle s’étaient espacés. Si nous vivions à Paris depuis mon mariage avec Charles, je n’aurais jamais imaginé que pour une sordide histoire d’héritage, elle imploserait. Je ne gardais de réels contacts qu’avec Louis. Installé à Mirecourt, il avait entrepris, après sa rééducation, une formation de luthier et fondé son propre atelier. A sa manière il était resté fidèle au bois. Totalement investi dans cette nouvelle vie, il s’était dédié corps et âme à ce métier exigeant, s’étant même découvert un petit talent pour la musique. Violoncelliste tout à fait honorable, il avait vu avec joie notre fille cadette s’intéresser à la lutherie. Le reste de la famille ne semblait pas du tout lui manquer et s’il recevait sa mère, les rapports restaient assez distants.
Son décès, il y a peu, a présidé aux évènements qui ont bien failli me détruire mais je préfère laisser la parole à Caroline, mon aînée, c’est trop douloureux et je n’arrive plus à prendre du recul.
Caroline
Depuis notre enfance, ma sœur Sophie et moi étions des fans de notre oncle Louis ; un séjour à Mirecourt était toujours un enchantement. Il en allait tout autrement pour le reste de la famille que nous ne fréquentions pas vraiment. Il y avait la Tante Lucie, lassante avec ses sempiternelles jérémiades, ses fils, nos cousins. Nous n’étions pas de la même génération, notre mère ayant convolé en « justes noces » assez tard. Enfin parmi les personnages marquants de la famille, une présence incontournable régnait sur ses troupes, notre grand-mère maternelle, un gendarme en jupons.
A son décès, l’héritage partagé, comme il se doit, en autant de parts que d’enfants généra une première crise. Cette pratique, somme toute normale, n’avait pas été du goût de Lucie. Louis en avait été profondément affecté car emportée par la colère sa sœur l’avait même accusé d’avoir intrigué pour l’héritage !
Il aurait pourtant été simple de lui river le clou en se retranchant derrière la Loi. Personne ne le fit et la vie suivit son cours, Louis à Mirecourt, Lucie à Nancy, ses frères à la scierie et nous à Paris. Pendant quelques années, nous eûmes la paix, Lucie allant même jusqu’à organiser quelques réunions familiales auxquelles nous étions parfois conviées. Les réunions sans être désagréables, laissaient toujours un goût amer, nous ne partagions pas grand-chose si ce n’est notre arbre généalogique.
Sophie qui avait mis ses pas dans ceux de Louis travailla d’abord dans un atelier de lutherie du Marais à Paris. Elle aimait son art mais ne supportait pas la ville ; c’est avec joie et sans arrière pensée qu’elle adhéra à la proposition de notre oncle : s’installer à Mirecourt. Un confrère de Louis venait de perdre son associé et Sophie faisait plus que l’affaire. Elle nageait en plein bonheur, avait trouvé l’âme-sœur. Pourtant je n’arrivais pas à partager son enthousiasme.
Un jour d’été, nous apprîmes que l’aîné de nos oncles, Joseph, venait de décéder. Personne n’eut le temps de s’organiser pour assister aux obsèques qui eurent lieu quasiment du jour au lendemain. Sa succession par contre sema le trouble dans la famille. Seuls Lucie et Louis héritaient, Joseph ayant testé en leur faveur ! La scierie semblait mal partie.
Quelques années plus tard, sans crier gare, Louis tira sa révérence faisant de nous trois ses seules légataires. Si pour trois francs six sous la famille avait été ébranlée, qu’allait-il arriver pour cet héritage qui se révélait conséquent ?
Mes nuits devinrent cauchemardesques. Les mêmes rêves revenaient sans cesse : des chats nous griffaient, un feu couvait, des inondations nous menaçaient. A peine réveillée, je sautais sur le téléphone pour appeler notre mère, Marie, ou Sophie, prodiguant conseils et mise en garde sans oser vraiment aller jusqu’au fond de ma pensée. Un jour, alors que nous étions réunies toutes les trois, tirant des plans sur la comète, nous dûmes bien nous avouer que nous nous attendions à une explosion de notre tante Lucie et que si son silence nous frustrait, il nous inquiétait.
A cette époque Marie vivait non loin de Mirecourt dans une ancienne fermette un peu déglinguée quant à moi, jeune retraitée, je lorgnais un ancien moulin mis en vente par un couple de hollandais. Le cadeau royal de l’oncle Louis était donc bienvenu mais il était navrant de ne pas arriver à en profiter pleinement.
Et puis Lucie rendit l’âme alors que chacun s’accordait à la trouver en pleine santé ! Je n’irai pas jusqu’à dire que nous en fûmes soulagées mais penser que nous allions pouvoir jouir de notre chance en paix était une idée plaisante.
Le mobilier de Louis récupéré et partagé entre nous, un jour de décembre où je me préparais à recevoir quelques amis pour la pendaison de crémaillère de mon joli moulin, une violente explosion se fit entendre dans la cheminée. Toutes les personnes présentes en furent ébranlées et chacun y alla de son explication !
Les choses auraient pu en rester là, si à partir de ce jour notre vie n’avait basculé. Ecrans de télévision allumés bien que débranchées, bruits inexpliqués, odeurs bizarres … nous nagions dans l’étrange.
Plus que jamais je rêvais. Marie également mais elle sombrait aussi.
Elle commença à présenter des troubles de comportement, perdit de son autonomie. Le médecin n’y comprenait rien, scanners et autres examens ne pouvaient expliquer les hallucinations auditives ou visuelles dont elle se plaignait. Certains auraient pu la croire folle, pourtant jamais un tel diagnostic ne fut posé. La réponse était ailleurs et en ce qui me concerne, c’était lumineux ! Restait à trouver l’angle d’attaque. La Providence décida pour nous, nous faisant croiser la route d’une thérapeute énergétique. Cette femme rencontrée par hasard dans un cabinet vétérinaire, elle venait de récupérer son chat, ne nous connaissait ni d’Êve ni d’Adam. Intriguée par le comportement de mon chien, il raffole des chats, j’avais engagé la conversation et de fil en aiguille, la certitude de la contacter un jour prochain avait commencé à faire son chemin. Nous ne pouvions donc douter de sa bonne foi, sa route n’avait auparavant jamais croisé la notre ; elle nous permit de découvrir l’insoupçonnable. Lors de notre première rencontre, en deux petites heures, il nous apparut que nous devions nous pencher avec soin sur notre généalogie et reconsidérer notre regard sur le Monde qui nous entourait.
L’image d’iceberg, voilà ce qui me venait à l’esprit, le monde visible représentant le dixième du monde invisible !
Ce jour là nous ne nous doutions absolument pas du voyage que nous nous apprêtions à faire !
Très vite une évidence s’imposa à nous, Marie était molestée par l’un des membres de la famille mais s’il est toujours possible de chasser un importun, que faire d’un défunt récalcitrant ! La thérapeute ayant déclaré forfait après nous avoir fait des révélations stupéfiantes concernant notre Tante, nous nous retrouvâmes complètement désemparées.
Le temps passait et Marie n’allait pas mieux. Un jour d’été elle commença à chanter, la situation s’enlisa. Lasses de ne plus pouvoir échanger avec elle dans ces moments là, nous tentâmes par tous les moyens de savoir les raisons de ce soudain engouement pour le chant. La réponse nous laissa un instant perplexes : « Ce n’est pas moi qui chante ! ».
A dire vrai, cela ne nous étonnait pas vraiment, nous étions tellement habituées à l’entendre discourir avec des défunts, défunts que je voyais moi aussi parfois. Ma grand-mère par exemple me faisait de fréquentes apparitions ou Louis qui cherchait à me dire quelque chose que je ne comprenais pas.
Les chants de Marie devinrent douloureux, elle ponctuait « ces récitals » de fréquents « j’ai peur ».
Un jour, désolée de l’entendre hurler « j’ai peur, je veux partir », sans rien pouvoir faire pour elle, je pris mon pendule. De ce jour plus rien de devait être pareil.
Refusant de suivre les traces de ma mère, j’avais depuis des années cherché à exploiter mes dons médiumniques ; j’avais lu, rencontré des personnages passionnants, le monde était fascinant.
Je « travaillais » depuis longtemps avec un pendule ; je n’en étais plus aux balbutiements, lorsque je doutais et posais des questions piège, utilisant « un Candide » pour tester l’authenticité des réponses. Assez vite je m’étais sentie en confiance principalement parce que, fréquemment, les réponses ne m’étaient pas agréables. Si influences de ma part il y avait, elles étaient sous contrôle.
Je commençais par m’en remettre à mes guides et anges, à la conscience de l’Univers puis je me lançais, faisant très attention à poser mes questions sans aucune ambigüité. J’avais sollicité la présence de Sophie à mes côtés.
Nous avions commencé par nous assurer que Marie disait vrai en affirmant que ce n’était pas elle qui avait peur ou voulait partir ; elle servait bel et bien de médium à une âme en détresse. Interrogeant l’Univers j’avais ensuite cerné petit à petit l’identité de cette entité qui se révéla appartenir à notre famille. Alors que je pensais plutôt à Louis ou notre grand-mère, je les voyais si fréquemment, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir que nous étions en présence de notre Tante Lucie. La suite du récit nous laissa complètement stupéfiées. Lucie après son décès était restée attachée à notre monde terrestre, la rancœur la retenait. L’héritage de Louis qui excluait ses fils ne passait pas puis la peur de partir seule et de retrouver certaines personnes l’avait définitivement bloquée dans notre sphère.
Au jeu du oui-non avec le pendule, nous apprîmes que Lucie craignait de retrouver son frère Louis, honteuse de ce qui avait pu auparavant les séparer, mais que par-dessus tout elle avait peur de devoir affronter son frère aîné !
A cet instant nous revint en mémoire l’affirmation de la thérapeute énergétique lors d’une de nos précédentes entrevues ; Lucie avait été violée petite par un de ses proches !
Son frère aîné Joseph ?
Lors de cette rencontre avec la thérapeute, nous avions commencé par douter de sa parole puis certains détails troublants nous étaient revenus : le choix de Lucie de quitter sa famille pour partir en apprentissage loin d’eux tous alors qu’elle était très branchée famille, la sienne certes, le fait qu’il était impossible de réunir Joseph et Lucie et plus troublant encore son refus d’accepter sa part d’héritage dont elle avait fait don à ses fils. Mais elle était tellement excessive que nous avions finalement zappé cette révélation.
Là, plus question de faire comme si.
Sophie servant de scribe pour ne plus avoir à interrompre le questionnement avec le pendule, le feu des questions avait roulé pour ne plus cesser jusqu’à l’apothéose finale.
Si Lucie avait bien été la victime de son frère, elle n’avait pas le caractère à se taire et au moment de son départ de la scierie elle avait parlé à sa mère ne rencontrant qu’incompréhension.
Petit à petit si nous comprenions mieux ces relations familiales si difficiles, la rancœur de Lucie vis-à-vis de Louis restait un mystère. Repensant à une réflexion de Louis en apprenant que Joseph l’avait désigné comme un de ses légataires, « il me devait bien ça ! », mue par une soudaine inspiration, je demandais au pendule si Lucie avait été la seule victime de son frère aîné.
Non !
Louis aussi avait été abusé mais alors que cette infortune commune aurait dû les séparer, elle avait été leur pomme de discorde. Lucie avait également cherché du secours auprès de Louis et s’il l’avait cru, il n’avait rien fait pour l’aider. Cette lâcheté les avait séparés à jamais. Ce n’était pourtant pas le genre de Louis d’agir ainsi ; il devait y avoir une raison. Un oui m’autorisant à aller plus loin avec le pendule, je repris mon questionnement pour apprendre que le silence de Louis avait un nom : la honte. Honteux de la violence dont il avait souffert, il n’avait pas osé avouer à sa sœur le mal qui lui avait été fait !
Le travail avec le pendule dura encore un peu, le temps de découvrir que si notre grand-mère n’avait pas été à la hauteur avec sa fille aînée, un concours de circonstances lui avait ouvert les yeux et lui avait fait comprendre qu’il fallait protéger la petite dernière, Marie. Un grand soupir nous permit de relâcher la tension qui nous broyait le cœur, nous étions en larmes !
Pendant un petit moment, le pendule prit du repos, le temps pour nous de digérer ce qui nous venait de nous être dévoilé. La souffrance de Louis et Lucie, notre incapacité à prendre en compte la douleur de cette dernière et surtout notre regret d’avoir douté de ce que nous avait dévoilé la thérapeute, nous accablaient.
Ce qui a suivi ensuite était devenu chose courante pour moi. Sophie m’ayant déjà vue faire, ne fut pas étonnée de me voir allumer une petite bougie et prendre une grande inspiration : je savais que Lucie était là, je sentais sa présence. C’est le plus naturellement du monde que je me mis à lui parler pour lui dire que nous regrettions vraiment d’avoir douter de sa parole, tout en lui précisant que si elle avait été un peu moins excessive de son vivant nous aurions peut-être plus volontiers adhéré à ce qui nous était révélé. Je passais ensuite un long moment à lui expliquer qu’elle devait maintenant se mettre en route et partir dans la Lumière pour y être enfin en Paix. J’essayais de lui démontrer qu’elle n’avait rien à craindre de ceux qu’elle retrouverait, Joseph ne représentant plus aucune menace. Qu’il ait fait de ceux qu’il avait violentés ses héritiers prouvait son désir de repentir. Comme toujours je me laissais emporter, oubliant totalement que je n’avais pas un interlocuteur en chair et en os devant moi. Mais cela m’importait peu car si je ne voyais rien, je sentais une présence à mes côtés. Je bouclais mon rituel en assurant Lucie de notre affection et lui demandant de quitter Marie afin de se préparer à pouvoir l’accueillir un jour. Sophie prit le relai spontanément. Quelques minutes plus tard, affalées dans le canapé, un verre de Muscat pétillant à la main pour trinquer à sa délivrance, nous tentions de récupérer. Ne restait plus qu’à attendre pour savoir si nous avions fait mouche.
Epilogue
Depuis ce rituel, quelques semaines ont passé et Marie va nettement mieux. Elle est apaisée, ne chante plus sauf pour embrayer à l’unisson avec nous lorsque nous poussons la romance. S’il lui arrive d’avoir peur, cela ne concerne que des choses très banales et qui de tout temps l’ont angoissée, par contre elle n’a plus jamais déclaré qu’elle voulait partir et cela ne nous étonne guère car il est plus que certain qu’elle n’a pas l’intention de décrocher. Non seulement elle a retrouvé un certain allant mais elle tire des plans sur la comète, irréalistes, certes, mais il ne nous appartient pas de lui faire perdre ses illusions.
Je ne veux cependant pas clore ce récit sans vous raconter ce qui est arrivé après ce fameux jour où nous nous sommes adressées à Lucie. Dans la nuit qui a suivi, de menus bruits m’ont alertée puis un léger frottement sur le bras et la joue m’ont complètement réveillée. J’ai d’abord imputé ces manifestations à la présence d’un insecte avant d’entendre un petit bruit sec près de mon bureau ; après avoir allumé j’ai constaté que la photo de Lucie, dont je m’étais servie lors du travail avec le pendule, était à terre. Pour moi c’était clair : Lucie était venue me dire au revoir ! Comment expliquer que seule sa photo était tombée alors qu’il y en avait d’autres au même endroit et que la sienne n’était pas la plus près du bord ?
Do